Константин Бальмонт и поэзия французского языка/Konstantin Balmont et la poésie de langue française, стр. 45

Je te donnerai une épître étoilée.
De l'arc-en-ciel je ferai une route,
Au-dessus de l'abîme plein de tonnerres
J'érigerai haut, ta demeure.
Et les couchants amis des étoiles,
Et les aurores emperlées
Étendront leurs striures longues…
Tu seras en un sommeil а mainte douceur,
Aromatique comme les tendres muguets,
Transparent comme une forêt feuillée,
Roséeux comme un pré amène…
Tu seras en le point d'unité et dans le chant,
Nous serons dans l'instant immortel, —
Nos visages tournés vers le Sud.

Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil

Четыре свечи/Quatre cierges

Мне снились четыре свечи в канделябрах старинных,
Чтоб вылить их, пчелы златые жужжали весной,
И летом летали, касаясь расцветов долинных,
И в улей запрятали, с медом, свой воск расписной.
Высокие свечи различными были по цвету,
Лазурный, и алый, и желтый, и белый был цвет,
Свеча голубая светила и Маю и Лету,
А Солнцу высокому рдяный светился расцвет.
Пока же я спал, пауки заплели паутинки,
И желтая, тихо дымясь, засветилась свеча,
По небу безгласные тучки скользили как льдинки,
И ласка луча для лица не была горяча.
Когда же и эта потухла, в снежащемся воске
Возникло четвертое пламя, последний огонь,
И мнилось мне, где-то скрепляли сосновые доски,
И белый, весь белый, явился предсказанный конь.
J'ai rêvé de quatre cierges en d'antiques candélabres.
Pour les couler, les abeilles dorées bourdonnèrent au printemps,
Elles volaient en été, attouchant tout l'épanouissement des vallées,
Et célaient dans la ruche, avec le miel, la cire décorée.
Les hauts cierges étaient de diverses couleurs:
L'azur, le vermeil, et le jaune et le blanc, telles étaient leurs couleurs.
Le cierge bleu éclairait le Mai avec l'Été,
Et pour le haut Soleil luisait la pourpre ardeur!…
Or, durant que je dormais, des araignées tissèrent leurs toiles,
Et dans ses fumées lentes s'alluma le cierge jaune.
Des nuages muets glissaient aux cieux, comme des glaçons,
Et des rayons la caresse n'était pas chaude au visage.
Et quand, encore, se fut éteint celui-ci, sur la cire blanc-neigeuse
Naquit la quatrième flamme, le feu dernier.
Et il me vint que, quelque part, l'on ajustait des planches de sapin, —
Et blanc, tout blanc! apparut le Coursier annoncé…

Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil

Бег минут/La course des minutes

Ты видал, у Моря серого, как метелятся пески?
Ты бродил, тоской истерзанный, в темном лесе, вдоль реки?
Ты внимал, овеян вьюгами, ветра призрачный рассказ?
Ты считал шуршанья шорохов, бег минут в полночный час?
Ты слыхал, как вихри носятся, завывая сквозь трубу?
Ты узнал, как сердце просится прочь бежать, сломив судьбу?
Ты узнал души рыдание без слезы сомкнутых глаз?
Ты узнал ли все страдание ведать мысль в последний раз?
Vis-tu, pres d'une Mer grise, tourbillonner les sables?
As-tu rôdé, par l'angoisse meurtri, sous une forêt sourde, le long d'une rivière?
Et écouté, environné du souffle des tourmentes, le poème fantomal du vent?…
As-tu compté les bruits des bruissements, la course des minutes à l'heure de minuit?
Entendis-tu les vents en transport hurler à travers la cheminée?
As-tu appris comme le cœur demande à s'enfuir, en ébranlant la destinée?
As-tu appris le sanglot de l'âme, les yeux clos, sans une larme?
As-tu appris toute la torture de connaître la pensée, pour une dernière fois!

Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil

Из книги «Белый зодчий»

(1914)

Звездная/Sœur des étoiles

Она была бледна, как звездные снега,
Она была нежна, как осень золотая,
На шее у нее мерцали жемчуга,
В ней греза дней жила, как лед, что спит не тая.
И то она была колдунья молодая,
И то была волной, что точит берега,
Всегда с собой одна, для каждого другая,
Забудет каждый с ней и друга и врага.
Улыбка у нее, скользя неуловимо,
Зарею нежила румяные уста, —
Глядишь, и с ней ли ты? Глядишь, она не та?
Живут созданья так из облачного дыма,
Так в ветре млеет зыбь весеннего листа,
Так Млечный Путь для нас горит неисследимо.
Elle était pâle, ainsi que les neiges stellaires.
Elle était douce, ainsi que l'automne dorée.
A son cou vivait le scintil de perles, —
Le rêve des jours demeurait en elle, comme la glace qui dort sans fondre.
Et elle était, tantôt une jeune Sorcière,
Et elle était, tantôt la vague qui ronge la rive, —
Toujours seule avec elle-même, — pour chacun différente,
Et chacun auprès d'elle oublie et l'ami et l'ennemi.
Son sourire qui imperceptiblement glisse,
Fait sur ses lèvres refléter des tendreurs d'aurore…
L'on regarde: Est-tu avec elle? On regarde: elle n'est plus la même.
Il est ainsi des êtres formés de l'impondérable des nues…
Ainsi, sous le vent se pâme le trémul de la feuille au printemps,
Ainsi brûle la Voie Lactée que ne scrutera notre esprit.